Comment bien tuteurer un jeune arbre ?

Lucile
23 sept.
5 min de lecture

Bien tuteurer un arbre, c’est poser les bases d’une plantation réussie. Pour les professionnels du paysage, des collectivités ou des gestionnaires de sites, c’est aussi un gage de fiabilité, de durabilité et de réduction des pertes. Dans cet article, nous vous expliquons pourquoi, quand et comment tuteurer un arbre, et quelles techniques adopter selon les essences et les situations.

Cependant, le Paulownia destiné à l’exploitation du bois ne doit pas être tuteuré.

A quoi sert de tuteurer un arbre ?

Lors de la plantation d’un arbre en racines nues ou en motte, ses racines n’ont pas encore eu le temps de s’ancrer solidement dans le sol. Ce manque de stabilité peut compromettre son développement. Le tuteurage a donc plusieurs objectifs :

Stabiliser l’arbre le temps que son système racinaire se développe
Prévenir l’inclinaison ou la casse en cas de vent fort, sol meuble ou passage fréquent
Favoriser une croissance verticale et rectiligne du tronc
Protéger l’arbre des agressions mécaniques (tondeuses, piétinement, etc.).

En choisissant le bon type de tuteur, les matériaux adaptés et en respectant les bonnes pratiques, vous garantissez à vos jeunes arbres un ancrage solide, une croissance harmonieuse et une intégration optimale dans leur environnement. Un geste indispensable pour les projets d’agroforesterie, de plantation industrielle ou de plantation forestière.

Dans quels cas faut-il tuteurer un arbre ?

Le tuteurage est particulièrement recommandé dans les situations suivantes :

Plantation en milieu exposé au vent
Sols sablonneux, peu denses ou récemment ameublis
Arbres de grande taille ou à feuillage dense
Jeunes sujets fragiles ou à tronc encore souple
Espaces publics ou zones à fort passage

À l’inverse, certains arbres en conteneurs ou bien enracinés, plantés dans un sol lourd et à l’abri du vent, peuvent s’en passer.

Exemple : le Paulownia, un arbre à croissance rapide qui nécessite un bon tuteurage

Le Paulownia tomentosa (variété ornementale) - également appelé arbre impérial, est très prisé pour sa croissance ultra rapide, sa capacité de captation du CO₂ et son port majestueux. Ces caractéristiques en font un choix privilégié pour les projets d’alignement ou d’aménagement urbain.

Mais justement, sa rapidité de croissance, conjuguée à la souplesse de son jeune tronc, le rend particulièrement sensible au vent et au basculement pendant ses premières années. C’est pourquoi le Paulownia bénéficie d’un tuteurage systématique, idéalement avec un système double ou en trépied, qui garantit un bon ancrage sans compromettre sa verticalité.

Il est donc recommandé de surveiller régulièrement les attaches et de retirer les tuteurs au bout de 18 à 24 mois, une fois l’arbre bien installé. Sans cela, le risque d’inclinaison ou de courbure irréversible est réel, avec un impact esthétique et structurel important.

A quel moment poser un tuteur sur un arbre ?

Le tuteurage doit idéalement se faire au moment même de la plantation. Cela permet d’éviter de blesser les racines en plantant le tuteur après coup et garantit une meilleure tenue. En plantant le tuteur avant ou en même temps que l’arbre, on sécurise également sa position définitive.

Il est également recommandé de retirer le tuteur après 1 à 2 ans, une fois que l’arbre a développé un système racinaire suffisant. Un tuteur laissé trop longtemps peut freiner la croissance naturelle, voire entraîner une dépendance mécanique de l’arbre.

Quel type de tuteur choisir ?

Il existe plusieurs types de tuteurs selon les usages et le type d’arbre :

Le tuteur simple (ou tuteur unique)

C’est la méthode la plus classique : un piquet en bois ou en métal est planté à côté du tronc, auquel il est lié via un lien souple. Il convient aux jeunes arbres peu volumineux.

Avantages : Une mise en place rapide et peu coûteuse

Inconvénients : Moins adapté aux arbres de grande taille ou exposés

Le double tuteur (ou tuteur en opposition)

Deux piquets sont plantés de part et d’autre du tronc, et reliés par une traverse en bois. L’arbre est fixé à cette traverse, sans contact direct avec les tuteurs.

Avantages : Une meilleure stabilité pour les arbres en motte

Le tuteurage en trépied (ou haubanage)

Trois piquets sont installés autour de l’arbre et reliés par des liens à mi-hauteur. Ce système est particulièrement utilisé pour les grands sujets ou les zones très exposées au vent.

Avantages : Une très bonne tenue et moins de contact avec le tronc

Inconvénients : La mise en place est plus complexe et coûteuse

Quels matériaux utiliser pour tuteurer ?

Vous pouvez utiliser un tuteur en :

Bois : Le plus courant, naturel et économique. Choisir du bois dur (châtaignier, acacia) pour une meilleure longévité.
Métal galvanisé : Résistant et réutilisable, idéal pour les usages intensifs ou professionnels.
Bambou : Esthétique et léger, mais à réserver aux petits arbres ou arbustes.

Côté liens, privilégiez les attaches souples, biodégradables ou élastiques, qui n’endommageront pas le tronc en cas de croissance. On évite à tout prix le fil de fer direct ou les sangles rigides.

Comment bien tuteurer un arbre pas à pas

1. Positionner le tuteur

Plantez le tuteur dans le trou avant ou en même temps que l’arbre. Il doit atteindre 1/3 à 2/3 de la hauteur du tronc. Évitez de trop l’enfoncer dans la motte.

2. Planter l’arbre

Installez l’arbre en respectant sa verticalité et le niveau du collet. Comblez avec une terre fine sans trop tasser.

3. Fixer le lien

Utilisez une attache souple pour relier le tronc au tuteur à environ 30 cm du sol. L’arbre doit pouvoir bouger légèrement : cela stimule l’enracinement.

4. Vérifier l’ensemble

Assurez-vous que l’arbre est droit, que le lien n’est ni trop lâche ni trop serré. L’ensemble doit être stable sans contraindre la croissance.

5. Surveiller dans le temps

Contrôlez régulièrement l’état du tuteur et des liens (1 à 2 fois par an). Ajustez ou remplacez si nécessaire, surtout après des intempéries.

Combien de temps garder un tuteur ?

En général, le tuteur doit être conservé entre 12 et 24 mois après la plantation. Ce délai permet à l’arbre de développer un enracinement suffisant pour assurer sa stabilité naturelle. Il est important de ne pas le laisser trop longtemps, car cela peut freiner le développement du tronc ou le rendre dépendant mécaniquement du tuteur.

Quand enlever le tuteur ?

Le tuteur peut être retiré lorsque l’arbre tient droit et fermement par lui-même, sans oscillation excessive. Cette vérification se fait généralement après une ou deux saisons de croissance. Il est conseillé de faire ce contrôle hors période de forte chaleur ou de gel, pour ne pas fragiliser l’arbre au moment du retrait.

Tous les arbres doivent-ils être tuteurés ?

Non, le tuteurage n’est pas toujours indispensable. Certains arbres en conteneur, bien enracinés et plantés dans un sol stable et à l’abri du vent, peuvent se passer de tuteur. Toutefois, dans un cadre professionnel, le tuteurage reste fortement recommandé pour sécuriser la plantation, réduire le risque de perte, et garantir un développement optimal, notamment pour les plantations en racines nues, en motte, ou sur des sites exposés.

Nos astuces pour une reprise optimale

Pour maximiser les chances de reprise d’un jeune arbre, quelques bonnes pratiques s’imposent après la plantation :

Arroser abondamment après plantation, puis régulièrement pendant la première année
Utiliser un paillage organique au pied pour conserver l’humidité et éviter la concurrence des mauvaises herbes
Limiter les chocs mécaniques (tondeuses, piétinements) autour de l’arbre
Communiquer avec vos clients : un bon tuteurage augmente significativement le taux de reprise et évite les SAV

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